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Effet spécial « nuits américaines » (day for night) :
de l’origine à nos jours




    La nuit américaine (day for night) est une technique cinématographique connue qui consiste à filmer le jour une action qui doit être perçue par le spectateur comme se déroulant de nuit. L’intérêt de cette technique (de ce « trucage ») est multiple :

-    Les tournages de nuit coûtent beaucoup plus cher (moyens d’éclairage importants, surcoût de main d’œuvre).

-    Certains tournages de nuit sont règlementairement interdits : beaucoup de pays par exemple interdisent le tournage de nuit avec des enfants.

-    La qualité des prises est souvent mauvaise : lorsque la pellicule ou le capteur numérique reçoit peu de lumière, le « rapport signal / bruit » est mauvais, ce qui laisse apparaître les grains argentiques dans le cas d’une pellicule, et le bruit électronique dans le cas d’un capteur numérique. Si le grain argentique peut être dans certains cas un effet recherché par les réalisateurs, le bruit électronique est rarement compatible avec des attentes artistiques (sauf cas particuliers : simulation de caméras de surveillance, simulation de visées militaires à amplification de lumière, … et autres cas où la mauvaise qualité d’image a un sens dans l’histoire racontée par le film).

-    En théorie, les images de jour offrent plus d’information, et le trucage peut alors choisir quelles informations sont conservées ou modifiées, pour aller soit vers le réalisme (nuits 100% vraisemblables), soit vers l’esthétisme (réalité augmentée : conservation volontaire d’informations que l’on ne verrait pas la nuit normalement, mais que le réalisateur trouve esthétiques).

Le cinéma a recherché très tôt des méthodes de trucage permettant de filmer le jour, puis de restituer une « impression de nuit ».


Méthode historique avant l’avènement du numérique : nuit américaine (day for night) au tournage


Classiquement, l’effet de nuit américaine (day for night) était réalisé grâce à une sous-exposition de la pellicule et/ou à l'utilisation d'un filtre, lors du tournage. Certaines équipes continuent d’utiliser cette méthode. Les filtres utilisés sont généralement bleu foncé pour les films couleurs, rouge ou vert pour les pellicules noir et blanc.

On peut y adjoindre un filtre polarisant qui a pour intérêt d’éliminer certains reflets dus à l’ensoleillement pendant la prise (de jour), et de diminuer la quantité de lumière reçue par la pellicule ou le capteur (contribuant ainsi à la sous exposition). Cependant, malgré les précautions prises lors du tournage, il est généralement possible de détecter ce type de trucage : la luminosité du ciel, les reflets et les ombres sont souvent des indices qui révèlent le trucage et rendent la fausse nuit peu réaliste.

Cela impose des contraintes fortes sur le cadrage lors du tournage (ne pas voir le ciel par exemple), mais les ombres portées permettent souvent aisément de détecter qu’il s’agit en réalité d’un tournage de jour. Pour effacer les ombres portées, on doit alors tourner par temps couvert.

D’autres méthodes utilisant des films infrarouge furent parfois utilisés jusque dans les années 80 pour simuler la nuit (en se limitant à cette longueur d'onde, le ciel apparait noir, du moins tant que l’on regarde dans la direction opposée du soleil, la peau des acteurs apparaît blanche). Mais cette méthode produit des images très bruitées, même pour les utiliser en masques, et le rendu est finalement assez loin de ce que l’on verrait la nuit.


 

Méthodes classique par étalonnage numérique


La généralisation des supports numériques a ouvert la porte à d’autres approches pour réaliser les nuits américaines (day for night). Les machines d’étalonnages sont capables, dans certaines limites, de traiter spécifiquement les différentes teintes, saturations et luminances des images numérisées.

Cette modification ciblée de teintes, de saturations, et de luminances, permet de donner à des films un cachet particulier, une ambiance, un type de rendu visuel qui a généralement pour objectif :

-    De renforcer le message du film

-    D’apporter une esthétique spécifique

Cet étalonnage numérique a pris en grande partie la place des traitements chimiques de pellicules argentiques (traitements qui avaient pour objectif de faire ressortir certaines teintes, … exemple ancient : Technicolor).

On peut  visualiser l’ambiance d’un film en utilisant, par exemple, les movie barcode:  on compresse chaque image du film sur une seule colonne, et l’on met bout à bout ces colonnes pour embrasser d’un seul coup d’œil l’ambiance visuelle du film. On peut alors se rendre compte que cette ambiance varie très fortement d’un film à l’autre : exemples :


No country for old men (2007) :

MovieBarCode-No_Country_For_Old_Men-01.jpg


Lost in translation (2003) :

MovieBarCode-Lost_in_Translation-01.jpg


Speed racer (2008) :

MovieBarCode-Speed_Racer-01.jpg


Predators (2010) :

MovieBarCode-Predators-01.jpg


In the mood for love (2000) :

MovieBarCode-In_the_Mood_for_Love-01.jpg


The matrix (1999) :

MovieBarCode-The_Matrix-01.jpg




NB : Pour trouver votre film préféré en movie barcode  :  http://moviebarcode.tumblr.com/page/1


Appliquée à la nuit américaine, la méthode de l’étalonnage numérique consiste en général à assombrir globalement l’image, à la bleuir un peu, et à dé-saturer les teintes chaudes (les jaunes …).

Le plus difficile est alors d’assombrir le ciel afin qu’il soit moins lumineux que tout le reste de la scène, et au contraire, de garder les visages suffisamment clairs pour qu’ils soient facilement reconnaissables par le spectateur. Pour cela, il est nécessaire de détecter automatiquement ces éléments.

Dans le cas du ciel, les préconisations de tournage imposent généralement de tourner par ciel bleu uniforme : l’assombrissement des bleus permet en effet alors d’éteindre le ciel. Cette méthode permet donc, contrairement aux approches historiques de filtres et sous exposition, de cadrer le ciel. Mais attention, il arrive assez fréquemment que le ciel bleu couvre en réalité une gamme de luminances et de teintes qui le rende finalement difficile à isoler, même avec les outils d’étalonnage du commerce les plus performants, laissant à la fin une « impression de ciel lumineux » qui empêche de croire à l’effet obtenu. De même, le tournage par ciel bleu comporte l’inconvénient de donner des ombres portées assez tranchées, ce qui donne un côte « jour assombri » au lieu de l’effet « nuit » recherché. Cela impose l’utilisation de pare soleils et contraint alors fortement les mouvements de la caméra.

Pour supprimer les ombres portées, on peut recourir à un tournage par temps couvert. Mais dans ce cas, les nuages et les ciels gris-blancs très lumineux n’ont pas nécessairement une teinte repérable par les machines d’étalonnage. Les nuages (pourtant présents de manière fréquente dans nos ciels européens) sont à l’origine de pas mal de nuits américaines (day for night)  ratées : inversés vidéos sur les nuages qui donnent des résultats étranges dans le ciel, irisation des bords de nuages, … etc

Dans le cas des visages, la difficulté vient principalement de trois points :

-    La variabilité inter personnelle : les humains n’ont pas tous la même couleur de peau,

-    La forme tridimensionnelle de la tête qui génère des ombres et des reflets lumineux qui bougent avec les mouvements du comédien,

-    La très forte variation de la teinte de la peau d’un même individu en fonction de la balance des blancs,
Il est extrêmement rare qu’un simple gabarit de teinte, saturation, luminance permette d’isoler des visages sur la durée d’une scène.

En conclusion, la nuit américaine (day for night) est finalement un exercice assez difficile qui contraint le tournage parfois de façon incompatible avec le désir d’expression artistique du réalisateur (voir le ciel dans le cadre ou pas, mouvements de caméra panoramiques, …).

 


Nouveauté : méthode avancée à la frontière de l’étalonnage et le l’effet spécial


La société NEXYAD a développé (au départ pour des applications de photogrammétrie satellite) des algorithmes uniques qui permettent de reconnaître dans une image :

-Les teintes

-Les saturations

-Les luminances

-Les textures

-Les mouvements apparents

En croisant ces éléments pré calculés, on peut isoler quasiment n’importe quelle partie de l’image : exemple : « les bleus très texturés moyennement saturés plutôt lumineux avec peu de mouvements apparents » … etc

Cette technique permet de séparer par exemple une mer bleue d’un ciel bleu, elle permet de conserver les nuages dans le ciel, d’assombrir et/ou de colorer à volonté le ciel, de rendre les nuages transparents pour rajouter un ciel étoilé ou la lune derrière, etc...


Exemples de rendus de nuits américaines :

A – le port du Havre (images NEXYAD) :

Manche-Rempart-Rush-Small-01.jpg
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Manche-Rempart-Nuit-C-Small-01.jpg
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Manche-Rempart-Comparatif-C-Small-01.jpg
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Sur cet exemple, on choisit de garder les highlights texturés blancs pour les pousser et générer une illusion d’éclairage urbain, le ciel est assombris un peu plus que la mer, les nuages sont conservés, un tracking est réalisé pour rajouter des étoiles dans le ciel derrière les nuages. De même, un reflet de l’éclairage est rajouté dans la mer. Sur cet essai, on a choisi, pour des raisons purement esthétiques, de garder les rouges et ocres plutôt saturés.


B – le champs de blé (images ALCATRAZ Production) :

ImiL-164-Jour-Nuit-Rush-B-Small-01.jpg
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ImiL-164-Jour-Nuit-Nuit-B-Small-01.jpg
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ImiL-164-Jour-Nuit-Comparatif-B-Small-01.jpg
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Dans cet exemple, les nuages sont conservés dans le ciel, un tracking est réalisé pour rajouter un ciel étoilé et la lune, derrière les nuages rendus transparents.


C – l’homme sur des rochers face à la mer (images NEXYAD)  :

Manche-JW-Rochers-Rush-Small-01.jpg
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Manche-JW-Rochers-Nuit-B-Small-01.jpg
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Manche-JW-Rochers-Comparatif-B-Small-01.jpg
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Dans cet exemple, tout est bleui et assombri, sauf le visage du personnage qui reste bien visible, et un ciel étoilé est rajouté derrière les nuages rendus transparents.




Conclusion :


De nouvelles technologies de traitement d’images permettent de s’affranchir de la plupart des contraintes de tournage, tout en conduisant au final à des rendus de nuits américaines (day for night) très esthétiques. Le choix du niveau de réalisme ou au contraire d’augmentation de la réalité redevient une question purement artistique, puisque  la technique impose très peu de contraintes.

NB :  les ombres portées sont détectées et peuvent être adoucies pour devenir compatibles avec une impression de nuit (on peut donc tourner par journée ensoleillée). Le raccord lumière peut être réalisé en post production. Dans une très grande mesure, le raccord ciel peut lui aussi être réalisé en post production puisqu’il est facile de rajouter un ciel étoilé. Le cahier des préconisations de tournage est basique (pas de parties blanches brûlées, etc). Pour des tournages particulièrement complexes (mouvements complexes de caméras et comédiens, …), NEXYAD dépêche une équipe sur le tournage pour préconiser des solutions techniques simples (éviter les flares, éviter le contre jour, sauf dans le cas d’effets souhaités bien particuliers à voir avec le réalisateur, etc …).

L’utilisation de cette méthode de post production numérique développée par NEXYAD n’est pas réservée aux nuits américaines (day for night), puisqu’elle permet d’obtenir presque n’importe quel type de rendu d’image en partant de presque n’importe quel type de rush : elle est tout à fait indiquée pour la réalisation à moindre coût d’étalonnages avancés (exemples : The Matrix, 300, …).

Le cas particulier de la nuit américaine (day for night) est tout de même intéressant à noter, car il permet de démontrer le potentiel de l’approche, là où les autres méthodes fournissent des solutions très contraignantes, voire inefficaces (ou alors extrêmement coûteuses).


Pour en savoir plus, contacter NEXYAD :  contact@nexyad.net

 

 

NEWS
Puce_Nex NEXYAD a réalisé toute la post production du nouveau clip vidéo de proXima (I’m in love), Alcatraz Production (sortie d’ici quelques semaines)

Clip

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Puce_Nex NEXYAD vient de développer une version améliorée de son algorithme de nettoyage d’image qui supprime le bruit électronique de la caméra sans toucher au détail structurel de l’image (contours, dégradés), et sans générer de fantômes dans l’image.
Puce_Nex NEXYAD travaille actuellement sur le développement d’un nouvel effet spécial permettant d’améliorer le rendu des ralentis lorsque l’effet n’a pas été prévu au tournage (ralenti sans saccade, avec plus de fluidité et moins de flou, peu ou pas d’artefacts …). Les premiers essais semblent très prometteurs.